![]() |
Assemblée de Corse : séance du 28/07/2000 |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Intervention de M. Toussaint LUCIANI | ![]() |
||
M. Toussaint LUCIANI |
||||
M. le Président, mes chers collègues, Nous sommes réunis ici pour nous prononcer sur un texte qui est, disons-le très clairement, un accord politique passé entre les représentants légitimes du peuple français, le Gouvernement de la Gauche de Lionel JOSPIN d'une part et la majorité des élus de l'Assemblée de Corse ici présente. Faut-il rappeler que dès le début, le Premier Ministre avait indiqué que l'Assemblée de Corse était d'une manière naturelle la matrice de la négociation ? Je crois qu'il est nécessaire de le rappeler à un moment où le Ministre de l'Intérieur déclare dans la presse qu'il ne portera pas le projet du Gouvernement. C'est au moment où son porte-parole (le Député SARRE) prétend que notre délibération, celle d'aujourd'hui, serait nulle et non avenue, alors que vous le savez, nous le savons tous, la Corse le sait, cette Assemblée est une institution politique, la seule qui peut parler au nom de la Corse et du peuple corse. Cet accord, dans sa première phase, va aboutir grâce au courage politique de Lionel JOSPIN qui, dans le cadre d'une méthode très transparente, très démocratique, a su trouver les termes d'une négociation, contrairement au précédent statut de la Corse qui nous avait été directement imposé depuis Paris. Grâce aussi à l'intelligence et au son savoir-faire de son conseiller technique, le Préfet CHRISTNACHT. Restera en l'an 2004 et avant la phase la plus importante de l'accord, celle de la révision constitutionnelle qui dépend également du Président de la République et celui-ci ne pourra que tenir compte du vote qui doit intervenir ce soir et pour lequel une très large majorité des élus de la Corse vont se prononcer pour entériner cet accord global, sans amendement certes, mais global dans la première phase et dans la seconde. Ce qui me paraît important, c'est de répondre à toutes les déclarations fracassantes qui voudraient faire croire que cet accord est une aventure, une révolution, alors que c'est un accord a minima qui place la Corse dans le cadre du droit commun des régions de l'Europe. Mais certes, en France, au regard du conservatisme des élites françaises où la moindre réforme prend la dimension d'une révolution et où la conception biséculaire d'un centralisme jacobin extrêmement réducteur font que l'accord qui va être passé entre le Gouvernement et l'Assemblée représente, c'est vrai, un changement profond de la nature de la République Française habituée trop longtemps à confondre son unité et son uniformité. Nous l'avons dit dans le passé, nous le répétons aujourd'hui : la Corse est une exception dans la République Française. Une exception justifiée par son histoire, par sa culture, par son insularité, par sa langue. Mais même si ce texte n'est pas révolutionnaire, il n'est pas neutre. Il va au-delà - et certains l'ont compris - d'un simple petit transfert de pouvoirs dans le cadre d'une décentralisation un peu plus poussée. Il faut le dire, on va au-delà de cela. On trace une nouvelle démarche dans ce texte, c'est une démarche vers une autonomie de la région Corse avec un pouvoir réglementaire large et un pouvoir législatif encadré. L'ensemble constitue véritablement une avancée pour la Corse. Est-ce que c'est le dernier texte ? Le dernier statut est-ce qu'il est éternel ? Nous disons non, parce que plus rien n'est éternel aujourd'hui... M. Nicolas ALFONSI Même pas nous ! M. Toussaint LUCIANI Même pas nous ! Nous sommes au début du 3ème millénaire où les sociétés et leurs structures ne peuvent vivre et survivre que si elles s'adaptent aux réalités. Et pour qu'elles s'adaptent à ces réalités, il faut savoir que dans dix ans, dans quinze ans, nous devrons remettre le dossier sur la table après une expertise et un résultat de ce qui aura été fait. Aujourd'hui, notre groupe va voter ce texte en donnant rendez-vous dans dix ans, dans quinze ans, car nombre de mesures de nature à protéger notre terre, notre culture, ne sont pas prévues aujourd'hui et nous en aurons besoin demain face au danger de la mondialisation et face au danger de l'ultra libéralisme. Merci. Le Président ROSSI Merci cher collègue. Il reste dans la première série du tour de table, à demander au groupe Communiste de s'exprimer, puis au groupe Socialiste. Alors, M. Paul-Antoine LUCIANI, au nom du groupe Communiste et Démocrate de Progrès. |
||||
|
![]() |