Le Conseil Economique, Social
et Culturel de Corse réuni en séance plénière le 1er mars 2000 à Ajaccio,
VU le Code Général des
Collectivités Territoriales, notamment ses articles L. 4421-1 à L. 4426-1 ;
VU le décret n° 92-1268 du 7
décembre 1992 relatif à la composition et au fonctionnement du Conseil Economique,
Social et Culturel de Corse, modifié par le décret n° 98-1094 du 4 décembre 1998 ;
VU la lettre du 18 février 2000,
par laquelle le Président du Conseil Exécutif de Corse demande l'avis du Conseil
Economique, Social et Culturel de Corse sur son rapport relatif au projet de budget
primitif de la Collectivité Territoriale de Corse pour l'exercice 2000 ;
SUR rapport présenté par M. Pierre
AGOSTINI ;
APRES EN AVOIR DÉLIBÉRÉ,
PRONONCE L'AVIS SUIVANT
I - Les conditions de la saisine
Saisi le 18 février 2000 pour se prononcer avant le
3 mars, date de la session de l'Assemblée de Corse, et n'ayant pu disposer des documents
qu'à partir du 24 février, le CESC s'est trouvé dans l'impossibilité de se livrer -
comme il avait souhaité le faire - à une analyse approfondie du budget primitif pour
l'exercice 2000.
Il en est donc réduit à émettre quelques
observations d'ordre général et le regrette d'autant plus que le rapport qui lui est
soumis est censé constituer l'acte essentiel de la Collectivité Territoriale.
Il rappelle que depuis sa première installation, le
11 février 1993, il n'a cessé de dénoncer le non respect quasi systématique des
délais légaux de saisine prévus par les textes législatifs et réglementaires qui le
régissent. En vain...
II - Observations d'ordre général
Le budget pour l'exercice 2000 apparaît fort peu
différent de ceux des années antérieures. Sa structure demeure marquée par
l'importance des crédits préaffectés (continuité territoriale, opérations
contractualisées, suites de programmes...). La " marge de manuvre "
réelle de la Collectivité Territoriale reste donc très faible.
On peut considérer qu'il s'agit d'un budget de
transition entre deux contrat de plan et, malgré le débat sur l'avenir de la Corse qui
bat actuellement son plein, force est de reconnaître qu'il ne peut s'inscrire que dans
les procédures, les compétences et le cadre institutionnel existants. Ce qui peut
expliquer que, sur de nombreux points, il soit en contradiction avec plusieurs des
propositions formulées à la suite des entretiens de l'Hôtel Matignon.
Il serait souhaitable à l'avenir de faire
apparaître, secteur par secteur, dans un tableau récapitulatif les crédits
contractualisés et ceux qui ne le sont pas.
II - 1 Les recettes
La décision de maintenir au niveau antérieur les
taux d'imposition, dont l'augmentation ne dégagerait pas de ressources significatives
mais pèserait néanmoins sur le contribuable, est une mesure de sagesse.
Il est, par ailleurs, pour le moins surprenant de ne
pas retrouver, en recettes, les fruits de la reprise mesurée par l'INSEE et les
différents observatoires, notamment dans les domaines du commerce et du tourisme.
II - 2 Les dépenses
Tout les secteurs sont en augmentation - avec une
mention spéciale pour l'action économique et le tourisme - à l'exception notable de
ceux de l'agriculture et de la forêt qui, au contraire, enregistrent une baisse très
sensible sans qu'aucune explication particulière ne soit fournie sur ce point.
Dans les domaines de l'eau et de l'environnement, le
Conseil relève que les dépenses prévues pour les études sont supérieures à celles
consacrées aux actions !
L'examen des budgets de fonctionnement de l'ADEC et
de l'ATC soulève le problème de leur séparation de celui des services généraux de la
CTC.
On ne peut que regretter la faiblesse des crédits
affectés à l'évaluation.
Enfin, comme l'a maintes fois affirmé le Conseil,
le rapport entre les dépenses de fonctionnement, trop lourdes, et celles d'investissement
est d'année en année de moins en moins satisfaisant.
III - Quelques remarques (ou interrogations)
sectorielles
III - 1 Enseignement/Formation
Dans le domaine de l'enseignement et de la
formation, le budget est en augmentation de 18 % par rapport à 1999. Cette augmentation
touche essentiellement le secteur des constructions scolaires.
Le budget de 600 MF se répartit de la façon
suivante : 258 MF en crédits de paiement (141 MF en investissement et 117 MF en
fonctionnement) auxquels il faut adjoindre 206 MF d'autorisations de programme (en
investissement). Ces A.P. concernent les constructions scolaires et universitaires.
La ventilation dans les 5 secteurs (enseignement
supérieur/recherche, formation professionnelle/apprentissage, constructions scolaires et
universitaires, appareil éducatif, langue corse) apparaît dans le tableau suivant :
Crédits de paiement (fonctionnement) MF Crédits de
paiement (Investissement) MF Autorisations de Programme (MF) Enseignement
supérieur/recherche 7,6 7,1 27,7 Formation professionnelle/ apprentissage 91,2 3 18,8
Constructions scolaires et Universitaires 0,5 82 135,1 Appareil Educatif 38,5 24,5 29
Langue Corse 3,1 0, 3 0, 36
III - 2 Langue
On ne peut que regretter le manque d'expression des
besoins - pourtant réels - en matière d'écoles maternelles bilingues alors même que
des crédits spécifiques sont inscrits.
De plus, le CESC demande que le budget primitif
prenne en compte les dépenses de fonctionnement ayant trait à la mise en place des
futurs cursus bilingues, qui concerneront l'ensemble des écoles maternelles de Corse,
comme prévu dans la délibération de l'Assemblée de Corse du 29 avril 1999, et, ce,
pour accompagner la future convention Etat/CTC à cet effet.
Ne sont actuellement inscrites que les dépenses de
fonctionnement de la carte scolaire bilingue reflétant l'existant et non la programmation
envisagée (Cf. Plan de développement de l'enseignement de la langue et de la culture
corses).
III - 3 Sports
Quand donc prendra-t-on, en concertation avec
l'ensemble des partenaires intéressés, les mesures qui s'imposent pour juguler la "
grande misère " de la Corse en matière d'infrastructures, plus particulièrement de
halles de sports et d'équipements sportifs scolaires ?
III - 4 Environnement
Le Conseil enregistre avec satisfaction
l'augmentation des moyens alloués à l'Office dont les ressources sont encore accrues par
les conventions qu'il signe avec d'autres organismes. Il se félicite également de la
prise en considération du problème des déchets. Il constate enfin que les projets
foisonnent (parc marin, réseau de surveillance maritime, préservation du patrimoine
bâti, démoustication) et souhaite qu'ils se concrétisent rapidement dès lors que les
besoins sont recensés et les moyens existants.
Il y a là une situation à rectifier d'urgence au
bénéfice de l'emploi de nos jeunes qui ont été encouragés et formés aux métiers
liés au développement local et à l'environnement.
A ce propos, le Conseil demande que les futurs
emplois nécessaires au fonctionnement du Parc National soient pourvus par des
recrutements effectués de préférence parmi ces jeunes.
III - 5 Artisanat
Le Conseil insiste à nouveau sur la nécessité de
créer une Maison de l'artisanat dont l'intérêt, tant sur le plan économique que
culturel, n'est plus à démontrer.
Compte tenu de l'essaimage à travers tout le
territoire de nos entreprises artisanales, mais aussi de leur très faible taille, le
secteur de l'artisanat doit être spécialement soutenu pour la création d'emplois
III - 6 Culture
Le budget augmente de 20 % et s'articule autour de 4
axes :
* favoriser l'accès aux productions artistiques et
culturelles ;
* encourager les pratiques artistiques ;
* améliorer les conditions de la création ;
* promouvoir la culture corse.
Que l'on doit compléter, en ce qui concerne plus
précisément le patrimoine, par 4 préoccupations majeures :
* étudier ;
* conserver ;
* restaurer ;
* mettre en valeur.
L'acquisition et la valorisation de certains sites
est d'ores et déjà prévue (Cauria, La Canonica), ainsi que la publication, en
partenariat avec les éditeurs insulaires, d'un bulletin du patrimoine et de différentes
revues.
On note l' émergence d'un réseau de spectacle
vivant en langue corse.
La création bénéficiera de 3,5 MF.
1,5 MF seront consacrés à la célébration de l'an
2000. Plutôt qu'une répartition géographique (3 projets par Département), il aurait
été souhaitable de soutenir des projets forts et ambitieux à vocation régionale.
Deux études d'importance sont programmées :
* réseau d'excellence ;
* lieu territorial sur le théâtre.
Dans le secteur de l'audiovisuel on relève le
projet de convention avec l'INA pour FR3 et RCFM.
III - 7 Action sanitaire et sociale
Bien qu'apparemment la CTC n'ait aucune compétence
spécifique dans ce domaine, le Conseil se félicite de l'engagement nouveau en
investissement et de l'augmentation en fonctionnement du budget qu'elle lui consacre.
Toutefois, il souhaite que les actions de prévention soient étendues à l'ensemble des
risques : tabagisme, alcoolisme, suicides, accidents de la route etc., ainsi qu'une
intervention différenciée selon l'ampleur des problèmes liés au chômage et à
l'exclusion.
Il demande également que soit pris en
considération le vieillissement de la population en intégrant la nécessité du maintien
des structures des services publics sur l'ensemble du territoire pour aider à la
correction des inégalités spatiales et de la solidarité nationale et régionale par une
juste péréquation des ressources publiques affectées au secteur sanitaire et social.
*****
En conclusion, le Conseil note que
les moyens financiers envisagés, notamment en matière de création et d'action
culturelle, sont dans l'ensemble satisfaisants mais craint que, comme par le passé, leur
mise en uvre ne subisse des retards très pénalisants pour les acteurs et, souvent,
pour la qualité de leur action.
Contrairement au budget de 1999, qui n'a été
exécuté que très partiellement, il souhaite donc une exécution rapide du budget de
l'an 2000, qui clôture un contrat de plan, afin de créer une dynamique pour l'avenir. |