Le Conseil Economique,
Social et Culturel de Corse
réuni en séance plénière le 8 mars 2000 à AIACCIU,
VU le Code Général des
Collectivités Territoriales, notamment ses articles L. 4421-1 à L. 4426-1 ;
VU le décret n° 92-1268 du 7
décembre 1992 relatif à la composition et au fonctionnement du Conseil Economique,
Social et Culturel de Corse, modifié par le décret n° 98-1094 du 4 décembre 1998 ;
VU la lettre du 17 janvier 2000,
par laquelle le Président de l'Assemblée de Corse demande l'avis du Conseil Economique,
Social et Culturel de Corse sur les " axes de réforme considérés prioritaires pour
sortir l'île de la grave crise qu'elle subit depuis plus de 20 ans " ;
SUR rapport présenté par son
Président,
APRES EN AVOIR DÉLIBÉRÉ,
PRONONCE L'AVIS SUIVANT
I - LES INSTITUTIONS
Le CESC se prononce pour la création, dans
le cadre de la République Française, d'une Collectivité autonome dotée du pouvoir de
légiférer dans les domaines de ses compétences (Cf. infra) et habilitée à
traiter directement, dans ces domaines, avec l'Union Européenne.
Cette création, qui permettra de donner plus
d'unité et d'efficacité à l'Administration, (en finir avec le " parcours du
combattant " que les citoyens vivent très mal) devra s'accompagner de la
redéfinition de l'organisation, du fonctionnement et des missions des offices et agences
et, à terme, de la suppression des deux départements.
L'administration de proximité devra être
préservée et renforcée pour répondre aux besoins des usagers et de la population et
rapprocher les services publics et les entreprises des " consommateurs ". Les
fusions de communes, regroupements par entités naturelles (vallées, pieve),
l'intercommunalité seront encouragés par de fortes incitations financières.
Toute réforme devra comporter un solde positif en
matière d'emplois et d'acquis sociaux.
Les représentants de la C.G.T., de F. O., de l'U.N.S.A., de
l'URAF et du Groupement Régional de la Coopération et de la Mutualité, soit 9 voix, se
sont prononcés contre ce paragraphe.
II - LE DÉVELOPPEMENT
Un développement durable doit être fondé sur
l'identité culturelle et la spécificité insulaire.
Ses " cibles " prioritaires doivent être
:
l'industrie touristique, activité transversale
dynamisant les secteurs du commerce, des services et de l'artisanat ;
les nouvelles technologies ;
les filières traditionnelles et de qualité dans
l'agriculture et l'agro-alimentaire.
.Il doit s'accompagner d'une ouverture de la Corse
sur la Méditerranée - et au-delà au moyen d'Internet - et du souci constant de lutter
contre l'exclusion sociale.
Par ailleurs, la réactivation du Comité de
Coordination pour le Développement Industriel de la Corse (CCDIC) est demandée.
Paragraphe adopté à l'unanimité.
III - LA CULTURE
Une culture vivante se construit avec son patrimoine
et son histoire.
Un développement économique qui prend en compte
l'aspect culturel, s'appuie sur la valorisation des atouts patrimoniaux, naturels et
culturels, et celle des initiatives individuelles et collectives, l'assimilation des
apports extérieurs de compétences, de moyens et d'initiatives.
La mise en uvre d'une stratégie culturelle
porteuse d'épanouissement nécessite une réforme ambitieuse du cadre existant.
Paragraphe adopté à l'unanimité.
IV - LES COMPÉTENCES
Le CESC se prononce pour le transfert des blocs de
compétences dans les domaines :
- de l'action économique, du tourisme, de
l'industrie , du commerce, de l'artisanat, de l'agriculture et de la forêt, de la
pêche et de la chasse ;
- de l'aménagement du territoire, de
l'environnement, de l'équipement, des transports, du logement
- de la gestion de l'eau et de l'élimination des
déchets ;
- du Social, afin d'améliorer les statuts existants
pour tenir compte de la spécificité du tissu économique corse ;
- du secteur culturel, sous réserve d'un examen
particulier du domaine des monuments historiques, de l'éducation en ce qui concerne la
langue corse, de la formation.
S'agissant plus particulièrement de la culture et de la langue, le CESC demande
:
la
création d'une structure territoriale chargée de mettre en uvre la politique
culturelle ;
la
coofficialité, d'une part, et l'enseignement obligatoire de la langue, de la maternelle
à l'université, d'autre part ;
la création d'un Conseil de la langue corse chargé de mettre en
uvre la politique linguistique (coofficialité, enseignement, bilinguisme,
promotion, diffusion de la langue dans tous les secteurs de la vie sociale privée et
publique).
Les représentants de la C.G.T., de F. O. et de l'U.N.S.A, soit
7 voix, se sont prononcés contre ce paragraphe.
V - LES RESSOURCES
Transfert de toutes les ressources supplémentaires
nécessaires à l'exercice des nouvelles compétences, augmentées des ressources
générées par la territorialisation de certains impôts ou taxes.
En cas de transfert de compétences dans le domaine
social, le CESC demande que les enveloppes de crédits spécifiques ne soient pas
déspécialisées.
Les représentants de la C.G.T., de F. O., de l'U.N.S.A et du
Groupement Régional de la Coopération et de la Mutualité, soit 8 voix, se sont
prononcés contre ce paragraphe.
VI - LE RATTRAPAGE DU RETARD STRUCTUREL
Un loi de programmation de financement de certains
équipements publics et des infrastructures s'impose. Un plan de 15 ans est nécessaire.
Paragraphe adopté à l'unanimité.
CONCLUSION
Dans le cadre de cette réforme, les missions
d'évaluation, de prospective et de contrôle devront être renforcées et le CESC se
propose de les assumer.
Paragraphe adopté à l'unanimité.
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