Retour Suite
Le CESC de Corse  
 
     
   

Actualisation du P. D. C.

CONTRIBUTION DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET CULTUREL DE CORSE SUR LA "NOTE INTRODUCTIVE AU DÉBAT RELATIF À L'ACTUALISATION DU PLAN DE DÉVELOPPEMENT DE LA CORSE - OBJECTIFS ET ORIENTATIONS POUR LA PÉRIODE 2000 - 2006 " ÉTABLIE PAR LE CONSEIL EXÉCUTIF DE CORSE.

Document adopté

par le Conseil Economique, Social et Culturel de Corse

réuni en séance plénière le 22 juin 1999 à Aiacciu

colorlin.gif (7770 octets)

Des principes à affirmer ou à réaffirmer et un bilan à dresser

Le Plan de Développement de la Corse adopté en 1993 se proposait de donner aux insulaires "  le sentiment et la réalité d’une appropriation " et de " préparer la jeunesse à s’épanouir et à maîtriser son devenir ".

Six ans après, les chiffres significatifs de la situation économique et sociale de la Corse sont qualifiés par le Président du Conseil Exécutif de " sévèrement pessimistes ".

Dans ces conditions, au tiers de la durée d’application du P. D. C., peut-on " réaffirmer des principes " sans analyse approfondie de l’impact des mesures engagées ?

Saisi une première fois en novembre 1998 du document sur lequel il est à nouveau appelé à se prononcer en raison de l’annulation des élections territoriales, le CESC avait affirmé la nécessité d’une véritable évaluation, en termes de retombées économiques et sociales et non seulement quantitative telle qu’elle apparaît chaque année dans le rapport spécial dont fait état le Président du Conseil Exécutif et qui se borne à " rendre compte " à l’Assemblée de la situation de la CTC sans, à aucun moment, évaluer les politiques

La conduite du développement est, en effet, un processus continu dont les risques d’enlisement et de déviation ne sont atténués que par l’évaluation permanente des modalités de programmation et de réalisation des opérations ainsi que des résultats de leur mise en œuvre.

Alors que de nombreux dispositifs comme le statut fiscal ou la zone franche sont réputés concourir au développement de l'île, aucune analyse de leurs retombées ne vient confirmer leur efficience supposée.

Il est donc indispensable et urgent de renforcer la mission de la cellule " évaluation " de la Collectivité en la chargeant de convaincre les élus et tous ses partenaires qu’il est vain de continuer à afficher des objectifs si l’on ne dispose pas des éléments permettant d’apprécier les effets réels des politiques déjà mises en œuvre pour les atteindre.

La réforme des fonds structurels

La situation faite à la Corse et à la Région Hainaut / Valenciennes (exclusion des régions classées en objectif N° 1) est une conséquence de l'élargissement de l'Union Européenne et donc d'un nouveau calcul des PIB/h qui a conclu à une remontée (relative) de leur PIB/h au-dessus du seuil des 75%.

 Ces nouvelles dispositions, fortement pénalisantes pour le financement des infrastructures publiques, en particulier celles des collectivités locales (eau, assainissement, déchets…), posent en outre la question du taux maximum des aides des fonds structurels qui risque de passer de 75% à 30% du coût total éligible, posant ainsi le problème du cofinancement des opérations.

Des objectifs et des orientations à définir.

En faisant de la création d’emplois " une préoccupation majeure ", le Conseil Exécutif corrige une omission de taille par rapport à sa note précédente.

Comme en 1998, le CESC soutient que la seule vraie perspective du développement doit être la prospérité de tous et que, pour y parvenir, la seule vraie priorité est effectivement l’emploi durable.

Au regard de la situation critique de la Corse dans ce domaine, les conflits d’attributions sont dérisoires. Certes, la Collectivité n’est pas directement compétente mais elle est éminemment concernée et doit accompagner, voire inciter et accélérer, les actions de l’Etat et s’impliquer dans la mise en œuvre de mesures spécifiques de soutien :

- au développement de nouveaux services à la personne (services de la vie quotidienne, amélioration du cadre de vie, culture, tourisme, loisirs) qui représentent de véritables gisements d’emplois potentiels,

- aux actions en faveur des publics de plus en plus en difficulté en raison de l’accroissement du chômage de longue durée,

- à la pluriactivité qui permet de donner une définition plus large au travail en reconnaissant à certaines tâches une utilité sociale,

- à la jeunesse en l’aidant à accéder à un premier emploi,

- à la revalorisation de certains métiers, notamment dans le secteur agricole où l’exploitation traditionnelle de l’oliveraie et de la châtaigneraie, entre autres, recèle un très fort potentiel économique local.

Les équipements collectifs liés à l’eau, l’assainissement et l’élimination des déchets.

En ce qui concerne la gestion de l’eau, le CESC souhaite, d’une part, qu’une réflexion plus vaste soit menée compte tenu des enjeux à venir et, d’autre part, que, lors de la construction des barrages, une attention toute particulière soit portée au respect de l’environnement immédiat et que les surcoûts engendrés soient inclus dans les prévisions financières. Par ailleurs, la révision des objectifs en matière d’eau brute peut conduire à un ralentissement des investissements du fait de la sortie programmée sur 5 ans de l’objectif N° 1.

 Sur les déchets, bien que la prise en compte de la nécessité de modifier leur actuelle gestion en Corse soit tardive, la volonté du Conseil Exécutif de se positionner en tant que maître d’œuvre coordonnateur est de nature à favoriser une dynamique d’ensemble aboutissant à de solutions concertées. Le Conseil Economique, Social et Culturel suggère que, parmi celles-ci, les actions de tri-valorisation soit prioritairement soutenues.

En outre, s’agissant des campagnes d’information et de sensibilisation, indispensables à la réussite de la politique de traitement des déchets, elles doivent être complétées par des actions éducatives menées en étroite collaboration avec tous les partenaires concernés : collectivités, entreprises, associations, ménages…

Par ailleurs, le CESC souhaite qu’à l’initiative de la CTC une concertation avec l’Etat s’engage rapidement pour aboutir à la mise en place de casernes de pompiers (Ajaccio, Sartenais, Balagne, Cortenais)

Le réseau routier

Le CESC a déjà eu l’occasion de souligner que la modernisation du réseau routier constitue un préalable au développement, notamment du tourisme dans l’intérieur de l’île, et que l’amélioration des relations routières entre les villes du littoral et les villages contribue à maintenir dans ces derniers les habitants qui travaillent en zone urbaine et participe, donc, à la survie de l’espace rural.

Le retard de mise à niveau n’affecte pas seulement les ex R. N. La disparité entre le réseau de celles-ci et celui des routes départementales (R. D.) est d’autant plus criante que le réseau départemental est plus étendu et sans commune mesure avec les moyens qui lui sont affectés.

Il faudrait examiner la problématique d’un " réseau routier d’intérêt régional ", dans une logique d’aménagement du territoire et lié au développement du réseau ferré. La maîtrise d’ouvrage de ce réseau régional (ex R. N. + certaines R. D.) serait assurée par la seule C. T. C.

Cette nouvelle politique routière impliquerait le doublement des moyens financiers actuellement mis en œuvre pour la mise à niveau du réseau routier corse.

Des orientations en 10 " points forts "

1) Aménagement du territoire

En l’espèce, l’adoption du schéma d’aménagement, qui incombe à la Collectivité Territoriale est et demeure une priorité. Ce n’est qu’à partir de ce document d’urbanisme que pourront être définies clairement les politiques à mener pour " reconquérir " l’intérieur et développer harmonieusement le littoral.

Le CESC tient, toutefois à rappeler, qu’il continue à considérer que l’aménagement du territoire n’est pas une simple fonction spatiale mais un véritable principe organisateur du développement.

Habitat et logement

Bien que l’Etat dispose de l’essentiel des compétences dans ces domaines, la Collectivité Territoriale ne saurait ignorer la situation en Corse : un manque crucial de logements. Face à ce constat, deux axes sont à privilégier.

Un accompagnement du volet logement social par la CTC. Partie prenante dans la recapitalisation des offices publics d’HLM, la Collectivité Territoriale doit veiller au logement social des plus défavorisés. A ce titre, elle doit soutenir les nouvelles opérations de construction.

Un appui aux stratégies de développement de l’offre de logements dans le secteur privé qui n’est jamais retenue comme un vecteur possible d’amélioration de la situation du logement en Corse alors qu’il apparaît, au contraire, que la CTC doit accompagner toute initiative de l’Etat, des autres collectivités et des associations en faveur de ce secteur car il est actuellement l’un des rares susceptibles d’offrir des logements. A titre indicatif des interventions sont possibles :

  • au niveau de l’aide à la réhabilitation des logements insalubres ou anciens.
  • en matière d’aide à la prospection des propriétaires.
  • en faveur du logement des jeunes qui nécessite un effort particulier.

En outre, une analyse attentive du problème des financements complémentaires s’impose. Les communes, qui sont pour la plupart dans l’incapacité d’assumer leur participation financière, sont particulièrement concernées et l’intercommunalité pourrait constituer un début de solution.

2) Développement économique

Comme l’a maintes fois souligné le CESC, notamment dans ses prises de position en faveur d’une économie identitaire, la Corse est aujourd’hui confrontée à une économie européenne et mondiale dans laquelle elle doit essayer de trouver sa place sous peine d’être laminée. La Collectivité Territoriale doit devenir un véritable partenaire des entreprises et le soutien politique au développement économique doit tendre en premier lieu à l’amélioration de celles-ci collectivement et individuellement, notamment en :

  • substituant une véritable banque de développement au dispositif actuel des subventions ;
  • améliorant les partenariats ;
  • développant des actions nouvelles en matière d’aide au conseil et de formation en faveur des entreprises de moins de 50 salariés ;
  • orientant, par des mesures d’incitation particulières, les crédits générés par les produits d’épargne et d’assurance - qui ont d’excellents résultats en Corse mais contribuent fort peu au développement économique - vers l’aide à la création d’entreprises et d’emplois ;
  • revitalisant le tissu économique (desserte commerciale de base pour l’ensemble de la population, notamment en milieu rural, modernisation de l’appareil commercial, amélioration de l’environnement des entreprises) ;
  • suscitant et favorisant les démarches individuelles et collectives d’entreprises visant à l’amélioration de la qualité ;
  • prospectant à l’extérieur les entreprises susceptibles de s’installer en Corse.
  • réactivant le C. C. D. I. C.

3) Tourisme

Comme le propose le Conseil Exécutif, il convient de structurer enfin ce secteur, mais ce ne peut être qu’en synergie avec les autres domaines ; car, si le tourisme doit être " le levier majeur du développement ", il n’est pas souhaitable – les exemples de mono activité le démontrent assez – qu’il en soit LE SEUL. Il ne saurait être question, en effet, d’exclure le nécessaire soutien au développement des autres activités productrices, à l’émergence de nouveaux domaines d’activité, à la restructuration de l’agriculture, mais il convient de hiérarchiser les objectifs.

Sous cette réserve, le développement touristique est indéniablement le meilleur moyen de lutter contre le premier handicap de la Corse, l’étroitesse du marché intérieur, et de créer rapidement des emplois durables et qualifiés. A cet effet, la création d’une école hôtelière s’impose.

L’augmentation de la fréquentation touristique, dont la nécessité ne saurait être mise en cause mérite cependant la plus grande vigilance, tant par rapport à la protection de l’environnement naturel qu’à son impact sur la population sédentaire.

C’est pourquoi le tourisme de l’intérieur devra s’envisager en extension du littoral et au prix d’une valorisation des sites et des villages, obtenue par l’amélioration du bâti ancien et des lieux publics traditionnels, en limitant l’implantation d’unités d’hébergement à des projets de dimension moyenne très intégrés au territoire et en favorisant la création d’hébergement diffus en zone rurale.

Le " manque d’unités hôtelières de standing " peut, pour partie, être pallié par la recherche de la qualité de l’existant qui concerne tous les pans de l’industrie touristique.

Enfin, il faudrait que les professionnels du tourisme prennent réellement la mesure des apports d’un véritable tourisme culturel. Pourtant, l’un des objectifs de la politique de développement culturel définie par le Plan de Développement de la Corse était de " générer une intégration plus forte entre les activités économiques et les activités culturelles, ce qui suppose d’appréhender la culture comme une filière économique… " Il appartient à l’A. T. C. d’impulser une réflexion en ce sens.