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Sénat : séance du 7 novembre 2001
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  Sénat : Séance du 07/11/2001 - Compte-rendu sommaire  
    7 novembre 2001 (2) - 8 novembre 2001    

 

SENAT : 07/11/2001 1/2

   
   


Présidence de M. Serge VINÇON

Vice-Président

La séance est ouverte à 15 heures.

Le procès-verbal de la précédente séance, constitué par le compte rendu analytique, est adopté sous les réserves d'usage.

CORSE (Urgence-suite)

M. le PRÉSIDENT -

L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif à la Corse.

DISCUSSION DES ARTICLES

ARTICLE ADDITIONNEL

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 2, présenté par M. Paul Girod, au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Avant le titre Ier , insérer un article additionnel ainsi rédigé :

La collectivité territoriale de Corse présente des spécificités qui résultent, notamment, de son insularité et de son relief, de son histoire et de sa culture.

M. Paul GIROD, rapporteur de la commission spéciale -

Il faut cerner les spécificités principales de la Corse. Le 2 mars 1982, j'avais déjà déposé ce texte : la violence, seule, ne doit pas justifier un statut particulier.

M. VAILLANT, ministre de l'Intérieur -

Sur le fond, le Gouvernement est d'accord, même si la rédaction doit être améliorée pendant la navette : sagesse. (Ah ! à droite)

L'amendement 2 est adopté ; l'article additionnel est inséré.

ARTICLE PREMIER

M. FOURNIER -

Je parlerai non de la Corse, mais de la République que cet article défait : il ouvre la boîte de Pandore de son indivisibilité. La Corse, c'est la République, toute la République, rien que la République. L'insularité ne doit pas désolidariser l'île de Beauté de notre continent.

Le Gouvernement, en réalité, propose de créer une République à deux vitesses à laquelle s'oppose tant M. Badinter que M. Gélard. L'article premier de notre Constitution, l'article 6 de la Déclaration des Droits de l'Homme le veulent : la loi est l'expression de la volonté générale.

Le Gouvernement joue aux apprentis sorciers : permettre aux Corses de déroger aux règles générales est une erreur politique alors que le processus de Matignon n'est que ruine fumante : vingt-et-un assassinats, cent dix attentats ont été perpétrés depuis janvier 2001. Avec qui a-t-on négocié ? Sur tous les bancs, nous sommes quelques-uns à refuser la capitulation. Refondons le contrat entre la République, les régions, les départements et les communes, mais ne dépeçons pas la France entre Bruxelles et le maquis corse.

La loi est la même de Paris à Ajaccio. Un statut spécifique, oui. Une Corse déliée de la République, non. Le Conseil constitutionnel avait refusé le peuple corse. Le Conseil d'Etat nous a mis en garde. La Corse c'est la France, quoi qu'en pensent quelques extrémistes.

Et la République n'est pas une auberge espagnole, les délégations à la Corse ne peuvent être acceptées. Le Gouvernement souhaite que la loi contourne la Constitution. Nous ne le ferons pas. (Applaudissements sur les bancs du RPR)

M. KAROUTCHI -

La Corse appelle des mesures particulières ; les grandes îles méditerranéennes, sauf la Crète, bénéficient toutes d'un régime particulier. L'Espagne a consenti des gouvernements autonomes en particulier aux îles Baléares, ancien royaume de Majorque, et l'Italie a mené une régionalisation poussée - ce sont des fruits de l'histoire. Le Gouvernement qui aurait dû s'orienter vers une nouvelle étape de la régionalisation a commis deux erreurs : il a privilégié des interlocuteurs minoritaires et menaçants -M. Talamoni n'est pas roi de Majorque- et il refuse de déposer le texte de décentralisation applicable à toutes les régions françaises où la Corse trouverait sa place !

L'unité nationale, solide, peut s'accommoder de plus de souplesse, mais elle n'est pas compatible avec un quasi pouvoir législatif et un climat de violence. L'identité nationale a d'abord été républicaine, la gauche et la droite l'ont forgée. La violence atteint son paroxysme en Corse : un attentat tous les deux jours et demi, l'ensemble des régions françaises heureusement n'en est pas là.

Le Gouvernement a péché par orgueil, d'autres avant lui n'avaient pas trouvé de solution. Il propose un texte lourd de dérives possibles. Vous avez fait connaître, Monsieur le ministre, votre sens de l'autorité de l'Etat, ne la laissez pas contester partout. Nous ne pouvons cautionner une politique qui fait primer le résultat sur toute autre considération. Nous voterons les amendements qui assurent un sort républicain à la Corse (Applaudissements à droite).

M. BRET -

La délégation du pouvoir réglementaire et législatif a fait dévier le débat de l'essentiel : le développement économique et social de la Corse. Les sénateurs communistes ont soutenu le processus de Matignon. Le débat sur l'article premier est piégé : être favorable à la décentralisation impliquerait l'acceptation de transferts de pouvoirs. Nous prônons une véritable décentralisation démocratique pour rapprocher les citoyens du pouvoir.

Les habitants de Corse doivent être consultés sur le processus actuel, quitte à modifier la Constitution, sinon la décentralisation restera bureaucratique. La majorité sénatoriale a effectué un travail juridique important, mais que veut la droite ? Où est sa cohérence ? La droite, avec M. Rossi, pousse à l'adoption du projet, comme l'a fait M. Balladur mais M. Giscard d'Estaing s'est abstenu et le très libéral Medef préfèrerait s'affranchir des règles républicaines.

En échange de son vote favorable sur ce texte, le Gouvernement a approuvé l'initiative de M. Méhaignerie de dévolution de vastes pouvoirs aux régions, ce que nous refusons car nous tenons à l'unicité de la République et au pouvoir démocratique. La droite prétend garantir la République mais veut démanteler les services de l'Etat.

M. JOYANDET -

Staline est mort.

M. BRET -

Le libéralisme est fondamentalement opposé à la République. Nous n'approuvons pas l'article premier : seul le Parlement fait la loi, les collectivités territoriales pourraient être dotées d'une part d'initiative législative.

M. SCHOSTECK -

Bravo pour la fin !

M. GELARD -

Le Gouvernement ne peut tenir ses promesses car il n'a pas déposé un projet de loi constitutionnel. Je partage l'analyse de M. Autexier : le texte des députés se trompe -volontairement, peut-être-, dans l'espoir qu'un arrêt du processus serait imputable aux sénateurs et au Conseil constitutionnel. Les plumes et le goudron pour eux ! En réalité, vous avez commis une erreur et le Sénat veut imposer le respect de la Constitution.

Le pouvoir réglementaire ? La jurisprudence du Conseil constitutionnel ne l'a jamais reconnu aux collectivités locales car il appartient au Premier ministre et aux ministres. Le pouvoir normatif des autorités locales découle de la loi, ce n'est pas du pouvoir réglementaire.

Quant au pouvoir législatif, les accords de Matignon se sont trompés de République. Seul le Parlement de la IIIème République pouvait changer un homme en femme et l'inverse. (Sourires)

La décision du Conseil constitutionnel de 1993 sur les établissements publics a reconnu le droit à l'expérimentation -contre vous !- mais le Parlement doit exercer la plénitude de son pouvoir législatif, sauf ordonnances de l'article 38 et référendum de l'article 11.

Vous proposez dans la corbeille de la mariée une dot que vous ne pouvez y déposer, car la voie que vous suivez n'est pas conforme à la Constitution. En revanche, suivant le rapporteur Paul Girod, nous procéderons aux seules adaptations possibles, car conformes à la Constitution. (Applaudissements à droite)

M. BEL -

Voici le noyau dur du débat, les arguments sont désormais connus : certains croient à la constitutionnalité du texte, d'autres non ou feignent de ne pas y croire. Or, les députés ont modifié le projet initial. Le Conseil constitutionnel a reconnu au législateur la possibilité de créer une nouvelle collectivité territoriale avec un statut particulier. Le Conseil d'Etat a émis un avis négatif sur le projet initial, mais il a admis qu'une habilitation pouvait permettre à la collectivité de procéder à des adaptations.

Le pouvoir d'adaptation des dispositions réglementaires respectera les prérogatives du Premier ministre. Un pouvoir réglementaire a déjà été reconnu à l'autorité de régulation des télécommunications. Le texte est conforme à la jurisprudence : le législateur conserve la maîtrise du pouvoir législatif.

Et l'expérimentation législative a déjà été admise pour le RMI, la PSD, la régionalisation du transport ferroviaire. L'habilitation doit être précise, elle l'est. Pourquoi les collectivités territoriales ne bénéficieraient-elles pas de ce qui a été rendu possible pour les établissements publics ?

Nous nous étonnons de ces craintes excessives pour un dispositif innovant certes, mais prometteur. (Applaudissements sur les bancs socialistes)

M. CHARASSE -

J'aurais été tenté de suivre les collègues qui ont précédé M. Bel, mais leurs critiques s'appliquent au texte initial du projet et non aux dispositions adoptées par l'Assemblée nationale. L'article premier est un texte de procédure permettant à l'Assemblée de Corse d'adopter des voeux : la collectivité peut demander des adaptations réglementaires, des lois, les expérimentations... Cet article n'est normatif que par un biais très étroit : les sujets abordés par l'article sont politiques. L'Assemblée corse serait donc autorisée à émettre des voeux politiques, à l'abri de l'autorité du préfet.

Mais le Gouvernement ne se voit pas imposer de répondre aux voeux de l'Assemblée corse, le Parlement non plus. Une modification du règlement intérieur de l'Assemblée corse eût pu, peut-être, suffire. Le problème se posera, le cas échéant, le jour où un gouvernement donnera suite aux demandes de l'Assemblée corse. Là se posera le problème constitutionnel. La suite ne sera pas si simple.

La loi depuis 1789 est l'expression de la volonté générale, non de celle des Bretons ou des Corses. Et le Premier ministre détient le pouvoir réglementaire, sans délégation possible pour les décrets. Une dérogation au pouvoir réglementaire du Premier ministre est organisée pour certains organismes dits indépendants, mais ce sont des organismes nationaux.

Quant à l'adaptation de 1993, elle concernait les universités, établissements publics de l'Etat. Je suis là dans le domaine du « peut être ». L'inconstitutionnalité ? Vous condamnez, mes chers collègues, le péché d'intention : nous ne sommes pourtant pas dans une assemblée vaticane... Nous verrons, pour ceux qui y croient, ... si Dieu nous prête vie. (Applaudissements sur les bancs socialistes)

M. le RAPPORTEUR -

Pour l'instant, le pouvoir réglementaire appartient au Premier ministre, sous réserve des pouvoirs propres du Président de la République. Il ne peut les déléguer que de manière limitée. Pour le CSA, l'ART et la CNIL, le Conseil constitutionnel a admis des habilitations de portée limitée. Les chefs de services peuvent avoir un pouvoir réglementaire pour parvenir au bon fonctionnement de l'administration et dans le respect de l'ordre juridique. Les collectivités territoriales ne détiennent qu'un pouvoir résiduel.

Le juge constitutionnel distingue bien le pouvoir exécutif local du pouvoir normatif qui relève du Premier ministre. Une thèse privilégie une lecture extensive du champ d'application du pouvoir réglementaire, local, mais elle n'est que doctrinale : la jurisprudence ne l'a pas mise en oeuvre. La seule dérive a été soulignée hier par le Président Jacques Larché : le législateur parfois intervient en matière réglementaire.

La décision du Conseil constitutionnel du 28 juillet 1993 concernait les établissements publics à caractère culturel, scientifique et professionnel - non des collectivités territoriales - auxquels chacun peut avoir recours ou non. Et l'objet des dérogations était extrêmement limité, le Conseil constitutionnel tranchant de manière très rigoureuse. La commission des lois de l'Assemblée a du reste reconnu que ces dispositions pourraient poser des problèmes constitutionnels. M. Mauroy a parlé hier de révision de la Constitution. Le Conseil constitutionnel, sur la loi du 13 mai 1991, a validé le texte parce que l'Assemblée corse n'était pas dotée du pouvoir législatif.

Quant à la décision de 1996 sur les négociations collectives, le Conseil constitutionnel n'a admis que des procédures nouvelles, non des modifications de fond. La comparaison avec la Corse n'est pas possible.

Le Parlement resterait maître de ses décisions ? Le législateur n'a pas, depuis 1958, la compétence de sa compétence. Le Conseil constitutionnel le censurerait s'il n'allait au bout de sa compétence. L'article premier ouvre une brèche dans l'article 21 de la Constitution : que deviendra le pouvoir réglementaire du Premier ministre en Corse ? Le commissaire du Gouvernement, auditionné, a déclaré qu'il n'y aurait pas concurrence entre les deux pouvoirs : l'un sera exclusif de l'autre et le pouvoir national ne pourra plus s'exercer.

Le précédent des aides économiques ? Le texte validé par le Conseil constitutionnel renvoyait à un décret en Conseil d'Etat : il était encadré. Et le Conseil d'Etat a jugé inutile de faire un décret. Vous prospérez sur ce vide juridique. Selon M. Charasse, l'article premier ne serait qu'un texte de procédure.

S'agit-il d'une procédure virtuelle ? En apparence, mais l'article 12 jette le masque : toutes les restrictions sont levées.

Quant à Saint-Pierre-et-Miquelon -des îles bien plus éloignées du continent et beaucoup moins peuplées- c'est une collectivité dont le statut n'a cessé d'évoluer : ce territoire bénéficie de la possibilité de ne pas appliquer certaines dispositions législatives, sous contrôle du Parlement -de même que l'Alsace-Moselle n'a pas eu la possibilité de faire joujou avec la loi-.

M. CHERIOUX -

Heureusement.

M. le RAPPORTEUR -

En définitive, les dispositions qui nous sont proposées ne sont qu'un article d'appel et ne cherchent qu'un effet d'affichage.

M. MARINI -

Gesticulation !

M. le RAPPORTEUR -

Elles ne peuvent donc qu'être censurées par le Conseil constitutionnel. L'expérimentation législative ne produira ses fruits qu'en 2004. D'ici là, élections obligent en 2002, rien ne se fera. La rédaction du II de l'article 4424-2 ne laisse de me surprendre : elle rappelle des évidences -ou est franchement inconstitutionnelle-.

Nous allons remettre de l'ordre dans cet article premier. (Applaudissements à droite et sur plusieurs bancs au centre)

M. VAILLANT, ministre de l'intérieur -

Je ne reprendrai pas toute l'argumentation que j'ai développée hier soir. Je le répète cependant : il n'est pas question d'attribuer une compétence législative à l'Assemblée de Corse. N'est visé que le pouvoir réglementaire, de la compétence des autorités administratives et exécutives -tous les bons auteurs le reconnaissent-. Ce que nous proposons, c'est une extension contrôlée de la décentralisation. Le Conseil d'Etat l'a admis : il n'y aura pas un pouvoir réglementaire général de la collectivité, mais un pouvoir résiduel, ni un pouvoir délégué par le législateur en faveur de la libre administration des collectivités locales. Je m'étonne que votre assemblée n'y soit pas sensible.

Il n'y a pas davantage d'autonomie législative de la Corse : le législateur seul fixera les normes d'application selon les demandes de l'Assemblée de Corse -à condition qu'il y réponde et rien ne l'y obligera.

On ne peut faire grief à ce projet d'instituer un nouveau pouvoir législatif quand tout se passe sous le contrôle permanent du législateur. Quant à l'article 12, il vise l'adaptation de normes réglementaires : le Conseil d'Etat l'a validé.

Après MM. Bel et Charasse dont les remarques sont frappées au coin du bon sens, je vous redis que le texte dont vous êtes saisis n'est plus identique au projet initial et qu'il a été adopté par MM. Barre, Balladur, Madelin, entre autres ...

M. MARINI -

Il y a deux assemblées parlementaires, acceptez-le !

M. le MINISTRE -

... ce qui devrait dissiper toutes les craintes : ce texte ne méconnaît pas la Constitution. (Applaudissements sur les bancs socialistes)

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 3 présenté par M. Paul Girod au nom de la commission spéciale sur la Corse.

A la fin de la première phrase du premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots :

les affaires de la Corse

par les mots :

les affaires de la collectivité territoriale de Corse

M. le RAPPORTEUR -

Marchandise d'appel, ai-je dit, ce texte est cependant insidieux : on ne peut parler des « affaires de la Corse » sauf à introduire une ambiguïté.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 243 présenté par M. Bret et plusieurs de ses collègues du groupe CRC.

Dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-1 du code général des collectivités territoriales, avant les mots :

de la Corse

insérer les mots :

de la collectivité territoriale

M. BRET -

Nous voulons rappeler que la Corse s'insère dans la République, par référence à l'article 72 de la Constitution.

M. le RAPPORTEUR -

Je demande à M. Bret de se rallier à notre amendement, quelque différentes que soient nos motivations.

M. le MINISTRE -

Cette rédaction validée par le Conseil d'Etat a été adoptée telle quelle par les députés : sa valeur est symbolique, compte tenu de l'accroissement des compétences de l'Assemblée de Corse.

M. MARINI -

Je suis très surpris de cette déclaration qui ignore la lettre du droit public : pourquoi refuser une précision sémantique ? Quel aveu ! Belle illustration du caractère non normatif de ce texte - déjà relevé par Michel Charasse. (Applaudissements à droite et sur plusieurs bancs au centre)

M. CHÉRIOUX -

A l'évidence, M. Charasse a raison : ne l'aurais-je déjà été, qu'il m'aurait convaincu de voter ces amendements... Assez d'effet d'affichage, quand il s'agit de régler le problème douloureux de la Corse.

M. BEL -

Le Conseil d'Etat a approuvé cette rédaction qui ne remet pas en cause la libre administration des collectivités locales... Nous voterons donc le texte.

M. DREYFUS-SCHMIDT -

Of Corse !

M. LANIER -

L'attitude du Gouvernement n'est pas innocente : il faut remettre les pendules à l'heure ! (Applaudissements à droite)

L'amendement 3 est adopté.

L'amendement 243 est satisfait.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 4 présenté par M. Girod au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Dans le premier alinéa du I du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots :

dispositions réglementaires

par les mots :

dispositions législatives ou réglementaires

(deux fois)

M. le RAPPORTEUR -

La loi n'est pas symbole mais norme.

M. CHARASSE -

Sauf en Corse.

M. le RAPPORTEUR -

Et nous devons l'écrire : comme a dit Cocteau, « écrire est un acte d'amour ; s'il ne l'est pas, il n'est qu'écriture ».

En adoptant ces amendements, nous montrons combien nous aimons la Corse. Nous précisons ce que j'ai appelé « le pouvoir de remontrance » de l'Assemblée de Corse pour le rendre opérationnel : c'est mieux qu'un voeu.

M. le MINISTRE -

Le Gouvernement est hostile à la réécriture de l'article premier : le retour au dispositif de l'article 26 de la loi de 1991, qui, à en croire le rapport, n'a pas fonctionné, me paraît contradictoire avec la volonté affichée de « servir la République d'en-bas ». Le texte est pourtant clair : le législateur garde la main mais n'ignore pas, comme vous le faites, les spécificités corses.

M. BRET -

Le retour au texte de 1991 n'est pas satisfaisant, la procédure ayant échoué. Nous nous abstiendrons.

M. GÉLARD -

Monsieur le ministre, votre logique n'est pas la nôtre ; nous suivrons le rapporteur.

M. BEL -

Logiquement, nous suivrons le Gouvernement. Nous ne voterons pas plus cet amendement que les autres.

M. RAFFARIN -

Vous vous battez valeureusement, Monsieur le ministre, pour tenter de nous faire croire l'invraisemblable : contrairement à ce que vous prétendez, vous travaillez contre la décentralisation. Il n'y a qu'une République - n'opposez pas la République d'en-bas à celle d'en-haut.

Vous voulez nous imposer l'extrême pour ne rien faire. Ce que nous voulons, c'est une pensée nouvelle de la République, valant pour tout le territoire, car nous voulons défendre à la fois la République et la Corse ! (Applaudissements à droite)

M. le MINISTRE -

J'avais noté que M. Raffarin supportait mal que je mette en lumière les contradictions de la majorité sénatoriale. Mais il y a eu avant 1981 et après ; avant 1981, il n'y avait rien ;

M. CHARASSE -

Des morts....

M. le MINISTRE -

... après il y a eu la décentralisation.

Je crois qu'il y a ceux qui rêvent du grand soir de la décentralisation et ceux qui veulent, sans attendre, la faire progresser, en comptant sur les élus locaux, et je ne comprends pas votre méfiance à leur endroit.

M. RAFFARIN -

Vous ne sortirez pas de l'impasse par la mauvaise foi !

M. MARINI -

Ne faisons pas comme si la Constitution avait déjà été révisée pour régler les problèmes de la Corse. Une révision s'imposera peut-être, concernant l'ensemble de l'architecture institutionnelle de la République : tant de collectivités, de budgets, de lourdeurs l'imposeront. Une volonté de réforme ambitieuse sera nécessaire. D'ici là, foin de gesticulations et de manichéisme : tous les ans, l'autonomie financière et fiscale de nos collectivités se réduit -j'ai pu le vérifier depuis quatre ans que l'Etat supprime des impôts pour faire des cadeaux avec l'argent de nos contribuables !- (Applaudissements à droite)

M. CHARASSE -

Le débat devient surréaliste : beaucoup de bruit pour rien ! Ce texte de procédure n'est pas inconstitutionnel. Dans sa décision de juillet 1982 sur le Plan -la plus drôle que je connaisse- le Conseil constitutionnel avait fait observer que le législateur ne peut se lier les mains : un texte étant inopérant, il est superflu de le déclarer inconstitutionnel. Cette fois, il se prononcera dans le même sens. En revanche, comme le texte normatif est des plus mal rédigés, le Conseil l'entourera d'une surabondance de commentaires pour rappeler que l'Assemblée de Corse agira à chaque fois dans le respect des lois et des règlements.

La procédure ne mérite pas si long débat. Pour le reste, la question de la révision de la Constitution n'est pas à l'ordre du jour. Quant à la non application de l'article 26 de la loi Joxe, elle s'explique par le fait que les demandes de l'Assemblée de Corse étaient sans autre portée que de mettre d'accord les factions. Nous verrons si l'Assemblée, demain, formulera autrement ses voeux.

L'amendement 4 est adopté.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 5 présenté par M. Paul Girod au nom de la commission spéciale sur la Corse.

Supprimer le II du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales.

M. le RAPPORTEUR -

Le législateur n'a pas pouvoir constituant pour répartir les compétences entre les diverses autorités. La liberté individuelle et les droits fondamentaux sont en cause : il y a là un risque pour tout notre édifice institutionnel.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 171 présenté par M. Charasse.

Dans le deuxième alinéa du II du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales, après les mots :

lorsqu'est en cause

insérer les mots :

la souveraineté nationale,

M. CHARASSE -

Cette précision s'impose : la Corse n'aura pas de politique étrangère ni ne battra monnaie...

M. le RAPPORTEUR -

Bricoles !

M. le MINISTRE -

Avis défavorable à l'amendement 5.

M. le RAPPORTEUR -

Ses scrupules honorent M. Charasse.

M. GELARD -

Je crois que M. Charasse se trompe : le pouvoir réglementaire étant visé, le Conseil constitutionnel censurera.

Comme dans un texte de procédure, le deuxième paragraphe souffre d'un vice initial qui le rend inopérant. C'est un voeu pieu, comme en 1991.

M. CHARASSE -

Si ça peut leur faire plaisir !

M. GELARD -

Nous ne sommes pas là pour travailler dans l'optatif mais pour faire des règles. Le texte du Gouvernement est un coup politique : je voterai l'amendement de la commission.

M. RAFFARIN -

C'est vrai que vous avez affirmé que vous étiez prêt à faire progresser la décentralisation, mais nous attendons toujours ! Votre Gouvernement pratique la plus perverse des centralisations : la centralisation financière. Vous gardez le pouvoir et vous transférez les déficits. Interrogez donc les régions ! (Exclamations sur les bancs socialistes. Applaudissements à droite)

M. ESTIER -

La campagne électorale est ouverte.

M. PICHERAL -

Campagne de Premier ministre !

M. BRET -

Nous émettons de fortes réserves sur le contenu du texte : nous nous abstiendrons.

L'amendement 5 est adopté.

L'amendement 171 tombe.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 6 présenté par M. Girod au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Supprimer le III du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales.

M. le RAPPORTEUR -

Suite logique de l'amendement précédent.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 244 identique présenté par M. Bret et ses collègues communistes.

Supprimer le III du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales.

M. BRET -

J'ai déjà exprimé mon inquiétude sur le transfert de compétences réglementaires. Nous acceptons le fait régional et de nouvelles compétences, mais nous refusons de placer la Corse dans une situation d'extra-constitutionnalité pour complaire aux nationalistes.

M. le MINISTRE -

Défavorable.

L'amendement 6, identique à l'amendement 244, est adopté.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 7 présenté par M. Girod au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Supprimer le IV du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales.

M. le RAPPORTEUR -

Nous arrivons au terme du toilettage indispensable des imprudences de l'article premier. Il y a la thèse du Gouvernement -c'est un symbole- la thèse de l'opposition et celle du CRC -c'est horriblement dangereux- et celle de M. Charasse, selon lequel ça n'a aucune importance.

Comme le disait un procureur à un avocat qui l'interrogeait sur le dossier : « Du vent, du vent, mais beaucoup d'atmosphère » (Applaudissements à droite).

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 245 identique, présenté par M. Bret et ses collègues communistes.

Supprimer le IV du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales.

M. BRET -

Seul le Parlement fait la loi.

M. Jacques LARCHÉ, président de la commission des lois -

Où est l'inconstitutionnalité ?

M. le MINISTRE -

Défavorable.

L'amendement 7, identique à l'amendement 245, est adopté.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 8,
présenté par M. Paul Girod, au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Dans la seconde phrase du dernier alinéa du V du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots :

le Premier ministre

par les mots :

le président du conseil exécutif au Premier ministre et

M. le RAPPORTEUR -

Amendement de précision.

M. le MINISTRE -

Le Gouvernement souhaite avoir connaissance de l'avis avant le Parlement. Sagesse.

M. le RAPPORTEUR -

La procédure me semble normale.

L'amendement 8 est adopté.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 9 présenté par M. Paul Girod au nom de la commission spéciale sur la Corse.

A la fin du premier alinéa du VI du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots :

propositions, demandes et avis mentionnés aux I à IV

par les mots :

propositions mentionnées au I

L'amendement de coordination, repoussé par le Gouvernement, est adopté.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 10 présenté par M. Paul Girod au nom de la commission spécial sur la Corse.

Dans le VII du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots :

des I à IV

par les mots :

du I

L'amendement de coordination, repoussé par le Gouvernement, est adopté ; l'article premier, modifié, est adopté.

ARTICLE 2

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 11 présenté par M. Paul Girod au nom de la commission spéciale sur la Corse.

Supprimer cet article.

M. le RAPPORTEUR -

Amendement de coordination.

M. le MINISTRE -

Défavorable.

M. BRET -

Nous comprenons la logique de l'amendement mais nous voterons contre.

L'amendement 11 est adopté, l'article 2 est supprimé.

ARTICLE 3

M. le RAPPORTEUR -

Je demande la réserve de cet article jusqu'après l'article 51.

M. le MINISTRE - Avis favorable.

La réserve est de droit.

ARTICLE 4

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 13 présenté par M. Girod au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Remplacer les quatre premiers alinéas de cet article par trois alinéas ainsi rédigés  :

I.- La section 1 du chapitre IV du titre II du livre IV de la quatrième partie du code général des collectivités territoriales est ainsi intitulée :

 « Identité culturelle de la Corse : attributions de la collectivité territoriale de Corse en matière d'éducation et de culture ».

II.- L'article L. 4424-1 est ainsi rédigé :

M. le RAPPORTEUR -

Je me suis déjà expliqué.

M. le MINISTRE -

L'amendement peut être adopté, sous réserve de reprendre la rédaction de l'amendement du Gouvernement.

M. le RAPPORTEUR -

Dans ce cas, je demande la réserve de l'amendement 13.

La réserve, acceptée par le Gouvernement, est de droit.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 269 présenté par le Gouvernement.

Rédiger comme suit le texte proposé par le III de cet article pour l'article L. 4424-1 du code général des collectivités territoriales :

« Art. L. 4424-1. - La collectivité territoriale de Corse établit et transmet au représentant de l'Etat, après consultation du conseil économique, social et culturel de Corse et compte tenu des orientations fixées par le plan, le schéma prévisionnel des formations des collèges, des lycées, des établissements d'enseignement artistique, des établissements d'éducation spéciale, des écoles de formation maritime et aquacole, des établissements d'enseignement agricole mentionnés à l'article L. 811-8 du code rural et des centres d'information et d'orientation.

« Elle associe les représentants désignés par les établissements d'enseignement privé sous contrat à l'élaboration de ce schéma.

« La collectivité territoriale de Corse établit, après accord de chacune des collectivités concernés par les projets situés sur leur territoire, le programme prévisionnel des investissements relatifs aux établissements cités au premier alinéa.

« A ce titre, la collectivité territoriale de Corse définit la localisation des établissements, leur capacité d'accueil et le mode d'hébergement des élèves.

« Chaque année, après avoir consulté le conseil économique, social et culturel de Corse et recueilli l'avis du représentant de l'Etat, la collectivité territoriale de Corse arrête la liste des opérations de construction ou d'extension des établissements précités. Cette liste est arrêtée compte tenu du programme prévisionnel des investissements et après accord de la commune d'implantation.

« Chaque année, la collectivité territoriale de Corse arrête la structure pédagogique générale des établissements d'enseignement du second degré en tenant compte du schéma prévisionnel des formations.

« A cette fin, après concertation avec la collectivité territoriale de Corse, l'Etat fait connaître à celle-ci les moyens qu'il se propose d'attribuer à l'académie de Corse. La structure pédagogique devient définitive lorsqu'une convention portant sur les moyens attribués par l'Etat à l'académie de Corse et leurs modalités d'utilisation a été conclue entre le représentant de l'Etat et la collectivité territoriale de Corse. »

M. le MINISTRE -

Cette proposition tend à aligner les termes employés dans le projet de loi sur ceux utilisés dans le code de l'éducation.

M. le RAPPORTEUR -

Sur du concret, nous pouvons travailler ensemble : avis favorable, puisque vous améliorez le texte envisagé par la commission. Bravo et merci ! Cela me conduit à retirer les amendements 14, 15 et 18 et à transformer mes amendements 16 et 17 en sous-amendements 312 et 313.

M. le PRÉSIDENT -

Sous-amendement 312
, à l'amendement 269, présenté par M. Paul Girod, au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Dans la première phrase du dernier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 269 pour l'article L. 4424-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots :

après concertation avec la collectivité territoriale de Corse, l'Etat fait connaître à celle-ci les moyens

par les mots :

après concertation avec le Président du Conseil exécutif de Corse, l'Etat fait connaître à l'Assemblée de Corse les moyens

M. le PRÉSIDENT -

Sous-amendement 313
, à l'amendement 269, présenté par M. Paul Girod, au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

A la fin de la seconde phrase du dernier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 269 pour l'article L. 4424-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots :

entre le représentant de l'Etat et la collectivité territoriale de Corse.

par les mots :

entre le représentant de l'Etat et le Président du Conseil exécutif mandaté à cet effet.

M. le MINISTRE -

Ces deux sous-amendements apportent des précisions intéressantes : avis favorable.

M. RAFFARIN -

Vous voyez qu'on pourrait s'entendre, avec un peu plus de pragmatisme et un peu moins d'idéologie !

Le sous-amendement 312 est adopté ainsi que le sous-amendement 313 et l'amendement 269, sous-amendé.

M. le PRÉSIDENT -

Nous revenons à l'amendement 13, précédemment réservé.

M. le MINISTRE -

Avis favorable, puisque l'amendement du Gouvernement est adopté.

L'amendement 13 est adopté ainsi que l'article 4 modifié.

ARTICLE 5

L'amendement 246 est retiré.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 19 présenté par M. Paul Girod au nom de la commission spéciale sur la Corse.

A. Supprimer le I de cet article.

B. En conséquence, rédiger ainsi le début du II de cet article :

Dans le premier alinéa de l'article L. 4424-3, les mots :

M. le RAPPORTEUR -

Il suffit de le lire.

M. le MINISTRE -

Favorable, mais sous réserve de l'examen de l'article 3 in fine.

M. le RAPPORTEUR -

C'est bien pour cela que j'en ai demandé la réserve.

L'amendement 19 est adopté ainsi que l'article 5, modifié.

ARTICLE 6

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 20 présenté par M. Paul Girod au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Compléter le texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 4424-4 du code général des collectivités territoriales par un alinéa ainsi rédigé :

« Pour l'application des dispositions des articles L. 722-2 à L. 722-9 du code de l'éducation, à l'exception des dispositions relatives aux personnels, la collectivité territoriale de Corse est substituée à l'Etat. »

M. le RAPPORTEUR -

Il s'agit de la gestion des IUFM.

M. le MINISTRE -

Inutile de multiplier les codifications croisées ; de surcroît, la rédaction de l'amendement est plus elliptique que celle du projet initial. Avis défavorable.

M. le RAPPORTEUR -

Je maintiens l'amendement : la CMP, qui ne manquera pas de réussir, trouvera une solution intermédiaire.

L'amendement 20 est adopté ainsi que l'article 6 modifié.

ARTICLE 7

Mme LUC -

Avec l'article 7, nous abordons un point sensible de notre débat : la langue, point de contact entre le passé et le pays. La langue corse fait la fierté de ceux, de moins en moins nombreux, qui la parlent ou qui la chantent, dans les si belles polyphonies. En Corse, la langue se marie avec la beauté des paysages, la chaleur de l'été et le chant des cigales.

Toutes les langues régionales constituent une de nos richesses ; il n'y a rien à craindre de leur enseignement, d'autant que c'est un facteur de réussite.

Reste à définir le caractère de cet enseignement : facultatif, obligatoire ou quasi-obligatoire ? Certains parents d'élèves et certains enseignants craignent des difficultés. En fait, l'apprentissage d'une langue régionale doit faire l'objet d'une démarche volontaire ; nous proposons donc un amendement qui clarifie le texte adopté par l'Assemblée nationale.

M. GÉLARD -

Je partage, sans son lyrisme, l'intérêt porté par Mme Luc aux langues régionales. Mon grand-père, breton bretonnant, m'a dit qu'il était interdit, dans l'école de sa jeunesse, de parler breton et de cracher !

Le Conseil constitutionnel a admis l'enseignement de la langue corse mais avec des réserves, dont le caractère facultatif. Or, nous n'avons aucune précision sur ce que va devenir l'enseignement du corse : les horaires étant les mêmes pour tous, l'enseignement du corse se fera au détriment d'autres matières... Que devient le principe d'égalité ?

Il ne faut pas non plus que l'enseignement du corse ne conditionne, plus tard, l'accès à la fonction publique. De nombreux fonctionnaires craignent la corsification des emplois...

En revanche, certains propos de M. Lang sont inquiétants. Il envisage de créer des structures d'immersion dans la langue corse : il faut y mettre le holà !

De même, le CAPES du corse est dérogatoire : il ne comporte aucune épreuve en langue française ! Il faut réparer cette anomalie.

Ce qui m'inquiète également, c'est le recrutement, dans les IUFM, d'enseignants qui ont pour seul mérite de connaître le corse. Pouvez-vous nous apporter des apaisements ?

M. BEL -

En Corse, toute la délégation a cherché à se faire une opinion. Je comprends les inquiétudes de M. Gélard, mais cet article reprend en effet les mesures adoptées pour le polynésien et qui ont été validées par le Conseil constitutionnel ; cela devrait vous rassurer ! Pourquoi ne pas s'en tenir à l'article adopté par l'Assemblée nationale : il est parfaitement sécurisé juridiquement ?

La pratique d'une langue régionale peut développer les compétences intellectuelles de l'enfant : l'occitan est très utile pour faire comprendre les règles de l'accord du participe !

Certes, l'enseignement de la langue corse implique que les maîtres recomposent les champs disciplinaires pour donner du sens aux enseignements fondamentaux, mais la réussite de nos enfants est à ce prix.

M. HOEFFEL -

Il me paraît légitime qu'une langue régionale soit considérée comme un moyen d'exprimer l'identité d'une région. De plus, l'apprentissage d'une langue régionale ne porte nullement atteinte à l'unité de la République (Très bien !).

Je suis persuadé qu'un bi ou plurilinguisme, quel qu'il soit, n'est pas un handicap pour l'apprentissage de la langue française : tous les pédagogues l'affirment.

L'apprentissage de la langue corse doit être une option, une possibilité, mais on ne doit obliger personne à l'apprendre : c'est du bons sens ! Les premiers à transmettre une langue régionale, ce sont les membres de la famille et l'Education nationale ne peut se substituer aux parents ; c'est pourquoi l'amendement du rapporteur me paraît satisfaire l'attachement des Corses à leur langue et préserver le libre choix des parents et des élèves. (Applaudissements au centre et à droite)

M. PEYRAT -

Ma ville est la troisième ville corse du continent ; la diaspora corse est importante, en effet, à Marseille, Toulon et Nice. Je comprends que les Corses ne souhaitent pas que leur langue devienne une langue morte.

Pourtant, je suis totalement de l'avis de notre rapporteur. La langue française a mis du temps à s'implanter ; en 1914, les hommes de troupe ne parlaient pas tous le français ; à la fin de la guerre, si ! Qu'on s'intéresse à nouveau aux langues régionales, c'est une bonne chose, mais il faut que cela reste facultatif. Si c'était obligatoire, d'autres régions, dont la mienne, s'engouffreraient dans la brèche : le nissard vaut bien le corse !

Surtout, le Sénat doit refuser de tomber dans le piège tendu par les nationalistes. Avant de défendre les langues régionales, pensons à défendre la langue officielle de la République ! (Applaudissements au centre et à droite)

M. le MINISTRE -

Lors de mon intervention liminaire, j'ai indiqué que l'article 7 n'imposait pas un enseignement obligatoire de la langue corse, élément essentiel de l'identité corse. Sur le fond, il n'y a aucune ambiguïté : l'article 7 participe d'un consensus obtenu avec tous les élus de l'Assemblée corse ; le mettre à mal aurait de lourdes conséquences.

Les cours de langue corse ne concurrencent aucun des apprentissages fondamentaux du premier degré, ni l'apprentissage d'une langue étrangère : ce ne sera pas le corse ou l'anglais ! L'enseignement du corse se pratique en Corse depuis une décennie dans le cadre de la circulaire du 7 avril 1995. Les parents peuvent saisir l'inspecteur de l'Education nationale de tout dysfonctionnement. Quant à l'apport de la langue corse, j'indique qu'en Corse, le taux de réussite au baccalauréat littéraire a été de 83,86 % en 2000, pour une moyenne nationale de 80,4 % ; ces résultats ont été confirmés en 2001.

L'exemple de l'apprentissage du tahitien, décidé en 1996, devrait vous rassurer.

Je vous demande donc d'en rester au texte de l'Assemblée nationale, qui répond aux attentes des Corses et présente toutes les garanties juridiques. (Applaudissements sur les bancs socialistes)

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 21 présenté par M. Paul Girod au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Rédiger ainsi le texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 312-11-1 du code de l'éducation :

« Art. L. 312-11-1. - La langue corse est une matière dont l'enseignement est proposé dans le cadre de l'horaire normal des écoles de Corse ».

M. le RAPPORTEUR -

Le rapport contient une série de citations qui vous démontreront qu'il n'est point besoin de légiférer ! Mais comme le débat est devenu public en entrant par une mauvaise porte, peut-être le Gouvernement a-t-il eu raison de lui donner une traduction législative.

La langue corse est peut-être un élément d'identification, mais plus encore un élément d'ouverture sur l'extérieur ; le corse est un moyen d'échapper à l'insularité.

Nous avons visité un établissement dans lequel le corse est enseigné. Ce n'est pas un objet de discorde majeur ; parmi les plus demandeurs, il y a les immigrés, qui y voient un moyen d'insertion dans la société locale.

La Commission spéciale a accepté l'idée, reste les termes. Si le caractère facultatif va sans le dire, pourquoi se priver de le rappeler ? Nous tenons à souligner que la liberté des parents est entière. Le texte initial du Gouvernement, lui, était d'une maladresse insigne : une liberté, cela s'exerce, cela ne se revendique pas par la négation ! L'Assemblée nationale a donc eu raison d'écarter votre texte, mais nous préférons notre amendement, clair et précis. (Applaudissements à droite)

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 247 présenté par M. Bret et ses collègues communistes.

Rédiger comme suit le texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 312-11.1 à insérer dans le code de l'éducation :

« Art. L. 312-11-1 - La langue corse est enseignée dans le cadre de l'horaire normal des élèves de maternelles et élémentaires à tous les élèves dont les parents ou le représentant légal en ont préalablement manifesté la volonté ».

Mme LUC -

Notre amendement exige une manifestation de la volonté des parents, ce qui n'est pas le cas de l'amendement de la Commission spéciale. L'enseignement du corse commence tout naturellement dans la famille.

L'enseignement du Corse peut être un facteur d'ouverture, c'est vrai. Mais 240 classes ne bénéficient pas de l'enseignement du Corse : les moyens doivent suivre. La commission a trouvé notre amendement sympathique, j'espère que le Sénat le votera.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 221 présenté par M. Vallet.

Après les mots :

est une matière

rédiger comme suit la fin du texte proposé par le I de cet article pour l'article L. 312-11-1 du code de l'éducation :

dont l'enseignement est proposé à côté de l'horaire normal consacré au programme officiel tel que défini par le ministère de l'Education nationale. »

M. VALLET -

La préservation des langues régionales est un objectif important, mais l'apprentissage de la langue Corse ne doit intervenir qu'en dehors des horaires officiels.

M. le RAPPORTEUR -

Bien sûr, les parents décideront, Madame Luc. Si l'amendement de la commission est repoussé, je me rallierai à celui du groupe communiste. En revanche, je ne peux accepter l'amendement de M. Vallet à cause des imprécisions sur les horaires et sur les conditions de mise en oeuvre. A ce propos, nous attendons des explications car M. Lang est resté très évasif en commission.

M. le MINISTRE -

J'ai parfois le sentiment que le Sénat veut seulement montrer sa différence par rapport à l'Assemblée nationale qui a voté ce texte à une très large majorité. Toute régression s'oppose à la logique du processus. A la rentrée de la Toussaint, toutes les écoles ont offert le Corse aux enfants.

Mme LUC -

Très bien !

M. le MINISTRE -

Une autre logique serait mal perçue, faisons preuve de bonne volonté. La porte d'entrée de 1996, Monsieur le rapporteur ? Je n'y suis pour rien.

Avis défavorable aux amendements 21, 247 et 221. Tenez compte du souhait des Corses et de leurs élus.

M. le RAPPORTEUR -

En quoi la précision est-elle une régression ?

M. CHERIOUX -

Ou il y a des arrière-pensées.

M. le RAPPORTEUR -

Les arrière-pensées nous confortent. Le débat sur le mot « proposé » est significatif...

M. LE PRESIDENT DE LA COMMISSION SPECIALE -

Sur place, nous avons constaté des situations très différentes, sans difficulté aucune. Le comportement du ministre de l'Education nationale nous a beaucoup inquiétés : légèreté, ignorance du dossier ? Il a tenu des propos inacceptables. Il a affirmé qu'il y aurait un enseignement bilingue, comme dans les écoles européennes. Toute la commission l'a entendu ! Quant au texte sur le CAPES corse, il exige une seule chose, savoir le corse. Pour les autres langues régionales, il faut aussi savoir le français ! Que fera-t-on de ces capésiens ?

Etes-vous prêt à nous dire, au nom du Gouvernement, que le texte s'appliquera conformément à la jurisprudence du Conseil constitutionnel, que l'organisation du CAPES corse est nulle et non avenue ? Dans la suite du processus, nous pourrons revenir sur notre position.

M. le MINISTRE -

Le mot « proposé » présente le corse comme une matière à option : ce n'est pas l'esprit du texte. C'est un enseignement national : les Corses y aspirent. J'ai été reçu par la commission spéciale après M. Lang. Des rapprochements interviendront peut-être, je veillerai avec M. Lang à ce que toute ambiguïté soit levée. La matière est enseignée, le Gouvernement a tenu ses engagements. Une régression serait dommageable.

M. le RAPPORTEUR -

Les Corses ne sont pas preneurs d'obligations inconstitutionnelles ! Je m'inquiète : le fait de proposer l'enseignement du corse n'en fait pas une matière extérieure. (Rires) Pour plus de sûreté, votons cet amendement.

M. GELARD -

Le recteur ou l'inspecteur d'académie signera une circulaire aux responsables d'école pour inscrire tous les élèves au cours de corse, sauf manifestation inverse des parents. Le Conseil constitutionnel tient, lui, au caractère facultatif et à une démarche des parents. En Polynésie, les parents demandent l'enseignement de la langue locale. Il ne faut pas rendre le corse obligatoire : les parents subiront des pressions. Et, si nécessaire, le Conseil constitutionnel répètera que l'enseignement du corse doit être facultatif.

M. COINTAT -

Les langues régionales sont notre patrimoine national. Les Corses présentent une revendication légitime, mais la langue ne doit pas devenir un vecteur de division, le Français n'étant plus qu'une langue commune. Il faut être prudent : la rédaction de la commission spéciale développe un patrimoine national sans mettre en péril l'unité nationale. N'oublions pas non plus nos quatorze voisins européens : permettons à nos jeunes d'apprendre leurs langues. Je voterai le texte de la commission spéciale.

M. RAFFARIN -

Sur le fond, les positions du ministre, du rapporteur et de Mme Luc sont voisines. Nous reconnaissons l'importance de cette langue. En Catalogne, on jongle dès l'enfance avec deux langues, on apprend plus facilement la troisième. La langue régionale peut aider à trouver la culture de l'autre.

Le ministre reste attaché à son texte car il y met une charge politique. Il rend l'obstacle infranchissable. La majorité sénatoriale est républicaine et réformatrice : nous préférons une marche constitutionnelle réelle à un palier inconstitutionnel virtuel. Je soutiens le rapporteur. (Applaudissements à droite)

L'amendement 21 est adopté.

Les amendements 247 et 221 tombent.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 22 présenté par M. Paul Girod au nom de la commission spéciale sur la Corse.

Compléter in fine cet article par un paragraphe III ainsi rédigé :

III .- (nouveau) Le CAPES de corse est réintégré dans la section des CAPES de langues régionales : il comporte en conséquence, à côté des épreuves de langue corse, des épreuves écrites et orales dans une autre discipline, choisie par le candidat parmi différentes options, selon des modalités comparables à celles qui prévalent dans les autres CAPES de langues régionales.

M. le RAPPORTEUR -

Nous venons d'apporter un démenti à un grand journal du soir qui a écrit, il y a deux jours, que le Sénat se préparait à supprimer l'enseignement de la langue corse.

M. ESTIER -

Il ne faut pas croire les journaux.

M. le RAPPORTEUR -

On a même pu lire que le Sénat avait vidé ce texte de sa substance, nous en avons au contraire ajouté ! Nos compatriotes corses ont droit à des professeurs compétents : un CAPES dérogatoire n'est satisfaisant ni pour leur enseignement ni pour la suite de leur carrière.

M. le MINISTRE -

Sans me prononcer sur le fond, je m'oppose à cet amendement : les modalités d'organisation du concours ne relèvent pas de la loi.

M. le PRÉSIDENT de la COMMISSION SPECIALE -

Nous le savons et nous préférerions ne pas avoir à intervenir pour reformer un règlement absurde et dangereux. Si vous acceptez, vous prouveriez votre bonne foi.

M. le MINISTRE -

Totale !

M. le PRÉSIDENT -

Ce serait un élément important du processus...

Ce que M. Lang a fait ou laissé faire est dangereux. Acceptez cet amendement ou remettez-vous à notre sagesse.

M. le RAPPORTEUR -

Le ministre est perturbé par ces dispositions réglementaires : à chacun son tour.

M. GELARD -

Je voterai l'amendement du rapporteur sous réserve de refuser aussi que l'accès aux IUFM soit réservé aux corsophones.

Pensez à toutes les langues locales que devront apprendre les enfants des parents qui changent de région !

M. le PRÉSIDENT -

Sous-amendement 314, à l'amendement 22, présenté par M. Gélard.

Compléter, in fine, l'amendement n° 22 par un alinéa ainsi rédigé :

L'accès aux IUFM de Corse ne peut être fondé sur le seul critère de la connaissance de la langue corse.

M. le RAPPORTEUR -

La commission consultée eut été favorable.

M. le MINISTRE -

Défavorable.

Le sous-amendement 314 est adopté.

L'amendement 22, sous-amendé, est adopté ainsi que l'article 7 modifié.

ARTICLE 8

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 23 présenté par M. Girod au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

A. Supprimer le I et le 1 du II de cet article.

B. En conséquence, rédiger ainsi le début du 2 du II de cet article :

Dans l'article L. 4424-16 du code général des collectivités territoriales, les mots :

M. le RAPPORTEUR -

Amendement de coordination.

M. le MINISTRE -

Sous réserve de l'article 3, favorable.

L'amendement 23 est adopté ainsi que l'article 8 modifié.

ARTICLE 9

M. le RAPPORTEUR -

La commission demande la réserve des amendements 29, 30, 273 et 276 jusqu'après l'examen de l'amendement 86 à l'article 23.

La réserve, acceptée par le Gouvernement, est ordonnée.

Mme LUC -

Je suis triste après la destruction du FRAC par un incendie d'origine indéterminée !

Nombre d'oeuvres sont parties en fumée. J'exprime avec le groupe CRC toute ma solidarité aux artistes. La Corse doit pouvoir faire vivre son identité culturelle. Que deviendra la direction des affaires culturelles ? Les moyens de cette DRAC doivent être préservés.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 24 présenté par M. Girod au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

A. Supprimer le 1 du I de cet article.

B. En conséquence, rédiger ainsi le premier alinéa du 2 du I de cet article :

L'article L. 4424-7 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :

M. le RAPPORTEUR -

Coordination.

L'amendement 24 est adopté.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 270
, présenté par le Gouvernement.

Rédiger comme suit le I du texte proposé par le 2 du I de cet article pour l'article L. 4424-7 du code général des collectivités territoriales :

I. - La collectivité territoriale de Corse définit et met en oeuvre la politique culturelle en Corse en concertation avec les départements et les communes, et après consultation du conseil économique, social et culturel de Corse.

« Elle définit en particulier les actions qu'elle entend mener en matière :

« - d'inventaire du patrimoine ;

« - de recherches ethnologiques ;

« - de musées ;

« - d'aide au livre et à la lecture publique, dans le respect des compétences départementales et communales ;

« - de soutien à la création, de diffusion artistique et culturelle et d'enseignements artistiques.

« La collectivité territoriale de Corse assure un rôle de liaison, de conseil et d'assistance aux collectivités locales en matière culturelle.

« En concertation avec la collectivité territoriale de Corse, l'Etat peut accompagner des actions qui, par leur intérêt ou leur dimension, relèvent de la politique nationale en matière culturelle. La collectivité territoriale de Corse peut être chargée par convention de leur mise en oeuvre ou de leur accompagnement.

« Dans les domaines où la législation en vigueur le prévoit, le contrôle scientifique et technique est assuré par l'Etat. »

M. le MINISTRE -

Cet amendement clarifie les compétences de la collectivité territoriale de Corse en matière culturelle : la politique nationale s'applique en Corse mais la complémentarité doit être assurée.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 25
, présenté par M. Paul Girod, au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Rédiger comme suit le début de la troisième phrase du premier alinéa du I du texte proposé par le 2 du I de cet article pour l'article L. 4424-7 du code général des collectivités territoriales :

Il peut passer une convention en vue de

M. le RAPPORTEUR -

Amendement de précaution sur le texte, complet et cohérent, transmis par les députés. La commission s'est interrogée sur les raisons de la réécriture tardive du texte par le Gouvernement. Dans le texte transmis, l'Etat peut passer les conventions. Dans l'amendement, les contrôles disparaissent, ainsi que la politique nationale, sauf pour préciser que l'Etat peut accompagner des actions de la collectivité territoriale de Corse. Si vos explications n'apaisent pas nos inquiétudes, je serai défavorable à l'amendement.

M. le MINISTRE -

Dans le cadre d'un dialogue avec les élus corses, il est clair que l'Etat mène les actions de la politique nationale et qu'il peut accompagner les actions de la collectivité territoriale. J'accepte de tenir compte des dispositions législatives et réglementaires.

M. le RAPPORTEUR -

Je serais satisfait si le ministre modifiait son amendement.

M. le MINISTRE -

Ce dernier alinéa peut-être ainsi rédigé : « Dans les domaines où la législation et la réglementation en vigueur le prévoient.... ». L'Etat peut accompagner les actions de la collectivité.

M. le RAPPORTEUR -

Ajouter : « Tout en menant ses actions propres... » me plairait davantage.

La séance est suspendue de 18 h 50 à 19 heures.

M. le RAPPORTEUR -

Je demande la réserve de l'article 9 pour que, pendant le dîner, la rédaction soit améliorée.

La réserve, acceptée par le Gouvernement, est de droit.

ARTICLE 10

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 248 présenté par M. Bret et ses collègues communistes.

Supprimer cet article.

M. BRET -

Nous refusons l'ultralibéralisation en Corse.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 31 rectifié
, présenté par M. Paul Girod, au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Rédiger comme suit cet article :

Après l'article L. 4424-6 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 4424-6-1 ainsi rédigé :

« Art. L. 4424-6-1 . - Le territoire de la collectivité territoriale de Corse est inclus dans les zones géographiques mentionnées au troisième alinéa de l'article L. 1511-6. »

M. le RAPPORTEUR -

Amendement rédactionnel.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 277
, présenté par le Gouvernement.

Rédiger comme suit cet article :

Le territoire de la Corse est entièrement compris dans les zones géographiques mentionnées à l'article L. 1511-6 du code général des collectivités territoriales.

M. le MINISTRE -

Même objet : avis favorable à l'amendement de la commission.

L'amendement 277 est retiré.

M. le RAPPORTEUR -

Contre l'amendement 248.

M. le MINISTRE -

Je demande le retrait : il y va du développement économique et social de l'île.

L'amendement 248 n'est pas adopté.

L'amendement 31 rectifié est adopté et devient l'article 10.

ARTICLE 11

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 32
, présenté par M. Paul Girod, au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Rédiger ainsi le premier alinéa de cet article :

L'article L. 4424-8 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :

M. le RAPPORTEUR -

Nous y reviendrons avec l'article 3 : coordination.

L'amendement 32, accepté par le Gouvernement, est adopté.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 33 présenté par M. Paul Girod au nom de la commission spéciale sur la Corse.

Rédiger comme suit l'avant-dernière phrase du I  du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-8 du code général des collectivités territoriales :

Il peut passer avec la collectivité territoriale de Corse une convention permettant d'assurer, en tant que de besoin, la coordination de ces différentes actions.

M. le RAPPORTEUR -

Nous donnons un caractère facultatif à la convention.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 278 rectifié bis présenté par le Gouvernement.

I. Dans la troisième phrase du premier alinéa du I du texte proposé par cet article pour l'article L. 4424-8 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots :

de ces différentes actions

par les mots :

des actions qu'ils conduisent

II. A la fin de la dernière phrase dudit alinéa, remplacer les mots :

de ces actions

par ces mots :

de ses actions

M. le MINISTRE -

Cet amendement se justifie par son texte même. Il faut une convention pour articuler les compétences.

M. le RAPPORTEUR -

Si aucune convention n'est conclue, tout sera bloqué... Je suis prêt à inclure la rédaction du Gouvernement dans mon amendement.

M. le PRÉSIDENT -

Ce sera l'amendement 33 rectifié.

L'amendement 33 rectifié est adopté.

L'amendement 278 rectifié bis tombe.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 249 présenté par M. Bret et ses collègues communistes.

Supprimer le II du texte proposé par cet article, pour l'article L.4424-8 du code général des collectivités territoriales.

M. BRET -

Nous préférons que l'Etat veille à la répartition des fonds.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 34 présenté par M. Girod au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Dans le second alinéa du II du texte proposé par cet article pour l'article L.4424-8 du code général des collectivités territoriales, supprimer les mots :

du mouvement sportif et notamment

M. le RAPPORTEUR -

Le CROSF est le seul interlocuteur valable.

Contre l'amendement 249.

M. le MINISTRE -

Sagesse sur l'amendement 34 ; contre l'amendement 249 qui refuse le transfert des compétences.

L'amendement 249 n'est pas adopté.

L'amendement 34 est adopté.

L'article 11, modifié, est adopté.

ARTICLES ADDITIONNELS

Les amendements 35 et 36 sont réservés.

M. le PRÉSIDENT -

Amendement 37
, présenté par M. Paul Girod, au nom de la Commission spéciale sur la Corse.

Avant la sous-section 1 de la section 2 du chapitre II du titre Ier, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article L. 91-8 du code du domaine de l'Etat, il est inséré un article L. 91-9 ainsi rédigé :

«  Art. L.  91-9. - Lorsque le rivage de la mer n'a pas été délimité en Corse, il est procédé aux opérations nécessaires à sa délimitation dans un délai d'un an à compter de la date de publication de la loi n°       du      ;  relative à la Corse . »

M. le RAPPORTEUR -

Nous demandons qu'on délimite partout le domaine public maritime.

M. le MINISTRE -

Décision récognitive et contingente, selon le Conseil d'Etat ; opération coûteuse, de surcroît : contre.

L'amendement 37 est adopté.

Suite du compte-rendu